Début du XXe siècle, État de Floride, au fin fond des Everglades,
océan d'herbes coupantes et d'eaux boueuses : « Si le diable a fait
pousser un jardin, c'est les Everglades. (…) À ce qu'on dit, il n'y a
pas beaucoup d'endroits où on peut voir aussi loin et aussi mal. Et tout
est vert, de toutes les nuances, sauf au lever du soleil et à la lueur
mourante du jour, quand ce grand fleuve d'herbe devient tellement rouge
qu'on le dirait en feu ou teinté de sang. » Ici demeure la famille
Ashley. Dominée par un père tout-puissant, elle vit de la distillation
et du trafic de whisky.
À dix-huit ans, John Ashley est contraint
de régler son compte à un Indien lors d'une livraison qui tourne mal.
L'occasion rêvée pour Bobby Baker, le fils du shériff, qui voue à John
une haine farouche pour une sombre histoire de promise déflorée, de se
venger. C'est le début d'une épopée mortelle qui durera douze ans, liant
Bobby Baker et John Ashley aussi sûrement que deux frères ennemis.
Évasions, fusillades, hold-ups, John et sa fratrie, le gang Ashley,
forgent leur légende et sillonnent le pays à la conquête de nouveaux
territoires pour le business familial tandis que Bobby Baker ronge son
frein et prépare ses armes.
Intense, rapide, Red grass river exploite
à merveille les mécanismes de la confrontation et explore la force des
liens, tant familiaux, amoureux que ceux mus par la détestation. En
toile de fond, le développement éclair de Miami, la prohibition, le jeu,
la contrebande, quelques alligators et surtout ce paysage immense, le
pays de l'herbe coupante, que l'on assèche peu à peu, tandis que l'homme
et la ville gagnent du terrain.
Red Grass River, James Carlos Blake, éditions Rivages.
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