mardi 31 mars 2009

Games over

Le dernier disque de Laetitia Shériff, Games over, s'ouvre sur The Story won't persist, progressif, doux et hypnotique, avec piano et cordes… . On se demande si cette direction que va prendre le disque… Eh non, s'ensuivent deux morceaux tout en tension et au rythme bien soutenu, basés sur le trio de départ guitare/basse/batterie, vient après le sombre Black dog, puis de nouveau un morceau plein de grâce et de mélancolie, superbe, Memento, put her in the picture… et ainsi de suite, pour un disque aux atmosphères très différentes. La voix, toujours aussi prenante, lie les chansons, des plus sobres aux plus élaborées. D'excellents musiciens, des choix marqués, une volonté d'expérimenter… Il m'a fallu plusieurs écoutes, sauter des morceaux pour me concentrer sur certains, mais au final… c'est qu'il y a de la matière.

Games over, Laetitia Shériff (Fargo)

Laetitia Shériff est aussi dans Trunks :
www.myspace.com/areyoutrunked

lundi 30 mars 2009

Back to the 60's…

…  avec The End of the summer on Bookbinder road par Cocoanut groove, excellent morceau pop d'une belle richesse orchestrale et mélodique, guitare, basse, batterie, clavecin, cuivres (pour les amateurs du genre). Je n'ai pas pu encore pu écouter le reste de l'album, Madeleine Street, si ce n'est les deux autres morceaux qui se trouvent sur la page myspace, et qui sont davantage dans une veine folk, mais habités par les mêmes préoccupations musicales.

www.myspace.com/cocoanutgroove

vendredi 27 mars 2009

Jet Fm

Voici un lien pour vous diriger vers Jet Fm, une excellente radio associative nantaise à la programmation éclectique, et, miracle de la technologie, vous pouvez écouter les émissions en ligne (elles sont archivées). Quand vous arrivez sur la page d'accueil, cliquez donc sur « Grille des programmes ». Après, vous avez le choix… Je vous recommande Au Sud de la frontière, chroniques de livres, d'images, de sons, et souvent des interviews, ainsi que A date with Elvis, qui vous invite à « un voyage aux confins du rock'n'roll ». 

www.jetfm.asso.fr/site/

jeudi 26 mars 2009

Et maintenant…


… rions un peu avec Robert Benchley. Les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont réuni pour nous et en grande pompe, dans Remarquable, n'est-ce pas ?, des nouvelles inédites, ou pas, d'un des écrivains les plus drôles qu'il nous ait été donné de lire.
Ça va être difficile de vous expliquer pourquoi cet homme provoque l'hilarité ( je vous rassure, par son sens de l'humour et du sarcasme, pas parce qu'il écrit odieusement mal). On va dire que ça tient à son art de la dérision et à ses fabuleuses méthodes pour éviter d'ennuyeux récits de vacances, aux sujets délicats qu'il aborde, comme l'inexistence de la ville de Budapest depuis 1802 ou encore l'intelligence des insectes et en particulier celle d'une guêpe domestique, Miriam, dite « Bouboule », ou peut-être à son flegme, sa fainéantise, sa logique parfaite et son aversion pour les enfants.
Toujours est-il que cet homme est vraiment drôle, que le livre est beau, illustré, et que comme les kinders, il contient une surprise.

Remarque : Pour les amateurs de détails biographiques, Robert Benchley était chroniqueur au New Yorker.

Remarquable, n'est-ce pas ? de Robert Benchley
Recueil revu et augmenté de Supplices des week-ends, lui-même réédition de Benchley.
Éditions Monsieur Toussaint Louverture
www.monsieurtoussaintlouverture.net

Françoiz Breut

Je trouve le dernier album de Françoiz Breut, À l'aveuglette, très beau : interprétation, écriture, arrangements… En particulier le morceau De Fil en Aiguille. Tour à tour mélancoliques, pleines de langueur ou nerveuses, ces chansons reflètent certes un univers et un style bien particuliers, mais riches et à signaler. Ces précédents disques m'avaient aussi beaucoup touchée. Elle est également dessinatrice, mais je ne connais pas du tout cette partie de son travail.

À l'aveuglette (T-Rec)
Une Saison volée (Tôt ou Tard)
20 à 30 000 jours (Labels)

mercredi 25 mars 2009

Menses Ante Rosam


Derrière ce titre mystérieux, un livre qui ne l'est pas moins. Menses Ante Rosam raconte, ou plutôt évoque, une grossesse, et son aboutissement, une naissance. Évoque, car il y a quelque chose de si léger, flottant, onirique dans ce livre, évoque, car tout y semble si ouvert, dans le dessin comme dans l'écriture, des phrases isolées, des questions jetées, des images où on se perd, évoque, car Aurélie William Levaux dévoile de manière subtile mais pénétrante son intimité et nous fait entrevoir le doute, le questionnement du couple, la transformation du corps, la joie, et enfin la douceur et l'immense tendresse qui émanent des dernières pages.
Bande dessinée, objet graphique unique en son genre, fresque somptueuse, dessins tour à tour brodés sur tissu, ou sur papier, en couleur ou en noir et blanc, Menses Ante Rosam est un livre des plus surprenants et émouvants.

Menses Ante Rosam d'Aurélie William Levaux
Éditions La Cinquième Couche

Aurélie William Levaux collaborait au défunt collectif Mycose mais participe aux projets des bien vivants United Dead Artists.

mardi 24 mars 2009

15 Serial Killers


Lors d'une soirée oisive, comme beaucoup de gens, vous ne crachez sans doute pas, même si vous refuseriez peut-être de passer aux aveux, sur un bon documentaire consacré à un tueur en série probablement né dans l'Yonne.
Dans 15 Serial Killers, paru aux éditions Cambourakis, Harold Jaffe explore notre rapport à la violence, la fascination qu'elle engendre, en particulier aux États-Unis. En dressant le portrait de 15 tueurs en série « célèbres », l'auteur s'attaque à la mise en spectacle dont font l'objet ces nouvelles stars médiatiques, au potentiel commercial qui leur est attribué (livres, films, audimat), et à la banalisation de l'horreur qui en découle. À travers 15 « docufictions», il nous déstabilise stylistiquement. Mêlant donc fiction et documentaire, Jaffe s'attelle par la langue à nous horrifier par ce que nous osons lire (viol, cannibalisme, massacres divers, et j'en passe) et à critiquer, en faisant la caricature, toutes les sources d'informations qui donnent soi-disant accès à une « hyper-réalité » (émissions-reconstitution, journaux à scandales, etc.), pour reprendre les termes de François Happe, auteur de l'excellente préface que je ne saurais trop vous conseiller de lire. Jaffe utilise à chaque fois une nouvelle forme de narration ou d'écriture, chacune d'elle évitant que le lecteur ne se croit plongé dans un ouvrage à sensation, maintenant une distance ironique : langage fragmentaire, interview pastiche, voix d'outre-tombe, dialogue. On notera le portrait au vitriol d'Henry Kissinger.
Dérangeant et intelligent, 15 Serial Killers nous plonge dans le malaise et nous force à nous interroger sur le rapport équivoque que nous entretenons à la violence : scandaleuse, banale, divertissante, terrifiante toute à la fois. 

15 Serial Killers d'Harold Jaffe
Préface de François Happe
Éditions Cambourakis

Si…


…vous avez lu Poguri d'Isami Nakagawa, aux éditions Cornélius, je vous salue, crème de lecteur. Si… ce n'est pas le cas, prêtez-moi attention, bande de mongoliens (oui, je sais que vous êtes toute une bande).
Passons sur la belle édition et le joli format quasi carré, histoire de ne pas trop flatter les responsables. Made in Japan, ce petit livre plein de fantaisie et d'humour met en scène Poguri, un genre d'enfant tout à fait déconcertant, aux prises avec un monde saugrenu. Le quotidien de Poguri est traversé par un crapaud au nombril rond affamé, un volubilis qui refuse prendre la pose ou encore un lapin-tortue qu'il faut apprendre à élever. Chaque page raconte une petite scénette loufoque, et l'ensemble révèle l'inventivité joyeuse de Nakagawa. Le dessin rend avec beaucoup de justesse cette vie d'enfant, et son univers onirique et déjanté. Si vous n'appréciez pas, tant pis, cœurs de pierre.

Poguri d'Isami Nakagawa
Éditions Cornélius

Remarque : l'expression « bande de mongoliens » est un emprunt (lire La Conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole).

Copinage

Chez Alain Beaulet éditeur vient de paraître un indispensable petit carnet, Les Recettes de Philippe le pâtissier, recettes du dit et grand pâtissier Philippe, également tenancier de l'excellente librairie… Chez Philippe le libraire, 32, rue des vinaigriers (Paris 10e), spécialisée en bande dessinée, mais dont les rayons sont également parsemés de romans, livres sur la musique et ouvrages pour enfants. Chaque recette, dont le chocolat tient le rôle vedette, est illustrée. Quelques noms ? François Ayroles, Charles Berberian, Olive, Guillaume Trouillard, et j'en passe. Pour les Parisiens, dès 19h, rencontre-dédicace-dégustation à la librairie ce mercredi 25 mars. Pour les Rennais, il y a toujours la fantastique librairie Alphagraph (réclamez un goûter !). Quant aux autres… reste les colliers de nouilles ?

lundi 23 mars 2009

L'Or des talus

Malgré l'ambiance hall de gare du Salon du L., les chasseurs de dédicace et les montagnes de papier gâché, entre le pâté tiède et les rognons, je suis aussi tombée sur L'Or des talus, premier roman de Jean-Louis Carrasco Peñafiel, publiée par une jeune maison d'édition toulousaine, Délit. L'Or des talus est l'histoire d'une errance, moins géographique que psychologique, celle d'un jeune homme, narrateur du récit, Julien.

Ce qu'il y a de dérangeant avec le mot « errance », c'est qu'il n'offre qu'une dimension hasardeuse. L'Or des talus relate la dérive de Julien, les événements, les rencontres, les peurs qui l'ont provoquée et la parsèment. Tout au long de son parcours sans but, Julien se heurte, et cette violence est rendue par un langage comme mimétique de cette existence confiée à l'aléa et l'excès, empreinte de malaise et de désœuvrement : vivant, cru, exprimant décalage et dislocation. Julien aime, tue, subit, se souvient, admire le luisant d'une porte qui lui rappelle le crâne chauve de son voisin. Il règne dans l'écriture une tension qui ne se rompt qu'à la fin. Plein d'amour et d'horreur, ce roman n'épargne ni son antihéros ni son lecteur, et donne à voir un chaos qui n'est rien moins qu'humain. C'est sans concessions, on en sort démuni (mais pas de là à pousser son ami(e) à la prostitution).

L'Or des talus
Jean-Louis Carrasco Peñafiel
Délit éditions
www.deliteditions.com

Éditions Anathème



Les éditions Anathème, à peine nées mais déjà trois titres au catalogue, ont repéré l'univers singulier de l'auteur de bande dessinée Joseph Callioni. Un joli travail de fabrication plus tard, ça donne Tales from dumb owl, courtes histoires absurdes (le plus souvent 6 cases d'efficacité narrative), aux traits fragiles et délicats, peuplées de créatures improbables (dont la fameuse chouette, car oui, owl signifie « chouette »), dont les réactions ne le sont pas moins, intercalées de pages purement graphiques mêlant collage et dessin. C'est cruel, drôle et fin, les poissons ont envie de sortir de leur mare et de partir vers l'océan, quitte à sécher sur place, les têtes se décrochent, le sens de la vie est à gauche, invitant à découvrir ces Tales from dumb owl teintés d'une poésie grotesque et mélancolique.

À découvrir également :
Armany Jeans d'Isao Moutte
Par grand vent de Pierre Marty

Et bientôt :
www.anathemebooks.com