mardi 24 mars 2009

15 Serial Killers


Lors d'une soirée oisive, comme beaucoup de gens, vous ne crachez sans doute pas, même si vous refuseriez peut-être de passer aux aveux, sur un bon documentaire consacré à un tueur en série probablement né dans l'Yonne.
Dans 15 Serial Killers, paru aux éditions Cambourakis, Harold Jaffe explore notre rapport à la violence, la fascination qu'elle engendre, en particulier aux États-Unis. En dressant le portrait de 15 tueurs en série « célèbres », l'auteur s'attaque à la mise en spectacle dont font l'objet ces nouvelles stars médiatiques, au potentiel commercial qui leur est attribué (livres, films, audimat), et à la banalisation de l'horreur qui en découle. À travers 15 « docufictions», il nous déstabilise stylistiquement. Mêlant donc fiction et documentaire, Jaffe s'attelle par la langue à nous horrifier par ce que nous osons lire (viol, cannibalisme, massacres divers, et j'en passe) et à critiquer, en faisant la caricature, toutes les sources d'informations qui donnent soi-disant accès à une « hyper-réalité » (émissions-reconstitution, journaux à scandales, etc.), pour reprendre les termes de François Happe, auteur de l'excellente préface que je ne saurais trop vous conseiller de lire. Jaffe utilise à chaque fois une nouvelle forme de narration ou d'écriture, chacune d'elle évitant que le lecteur ne se croit plongé dans un ouvrage à sensation, maintenant une distance ironique : langage fragmentaire, interview pastiche, voix d'outre-tombe, dialogue. On notera le portrait au vitriol d'Henry Kissinger.
Dérangeant et intelligent, 15 Serial Killers nous plonge dans le malaise et nous force à nous interroger sur le rapport équivoque que nous entretenons à la violence : scandaleuse, banale, divertissante, terrifiante toute à la fois. 

15 Serial Killers d'Harold Jaffe
Préface de François Happe
Éditions Cambourakis

3 commentaires:

Maxime a dit…

si je vois ça je vais avoir envie de tuer. faut pas me le prêter...

Maxime a dit…

hé, au fait, enlève le contrôle avec les caractères, c'est relou je trouve. à chaque fois c'est pas les bonnes lettres, pourtant ça semble toujours évident...

oriane a dit…

oh ça a l'air bien