mardi 17 avril 2012

Jabberwocky le dragragroula





Alors, de quoi aviez-vous peur, enfant ? Des serpents, des greemlins, ou peut-être bien du dragragroula ? 

À mot-valise, dessin hybride, celui de Raphaël Urwiller, l'une des deux têtes du collectif Icinori que l'on connaît pour ses très beaux livres en sérigraphie. Raphaël avait illustré l'étrange poème « Jabberwocky » de Lewis Carroll : Alice, après être passée de l'autre côté du miroir, découvre un livre mais ne reconnaît pas la langue dans laquelle il est écrit. Puis elle comprend qu'il lui faut le tourner vers un miroir pour que les mots prennent sens : il est question d'un jeune homme qui, armé de sa vorpaline épée, se lance à la recherche du terrible Jabberwock afin de le terrasser…
Un prototype du projet de M. Icinori avait vu le jour, édité à quelques exemplaires. Mais voici qu'est paru aux éditions Sarbacane un album réunissant les dessins de Raphaël et un texte de François David librement inspiré du poème de Carroll : Jabberwocky le dragragroula.

Dragon, dracula, peu importe, Jabberwock est tous les monstres à la fois, il faut prendre les armes et en venir à bout. Place donc à la force du langage, écrit et dessiné. Ce n'est pourtant pas une mince affaire que de s'emparer du poème de Lewis Carroll qui regorge d'invention, trouvant dans le mot-valise un jeu à la mesure du monde créé.
Le texte de François David est – évidemment – bien plus modeste, mais simple et malicieux : l'épée n'est plus vorpaline, elle est humouristible. Les mots se mêlent joyeusement, comme le dragragroula qui change de forme au fil des pages, mouvant, multiple, comme les peurs enfantines qu'il incarne.

Il faut bien vous dire que votre exécutrice a fondu sur le livre pour le plaisir de regarder les dessins de Raphaël Urwiller, curieuse que j'étais de les découvrir hors du giron d'Icinori. Simples, basés sur deux couleurs, ils prolongent et proposent une vision du merveilleux de l'univers de Carroll.  Il est clair que l'on aurait aimé découvrir ce travail édité à la belle façon d'Icinori. On regrette surtout que la version originale du poème ne figure pas dans l'album. Mais ne crachons pas trop dans la soupe, qui s'avéra bien bonne.

Jabberwocky le dragragroula, Raphaël Urwiller et François David, éditions Sarbacane

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